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Etre Dominée / Soumise


Dernier en date des grands récits de la soumission féminine, « Cinquante Nuances de Grey » de E. L James connaît un succès de librairie qui ne se dément pas – en attendant le film.  Ecrit par une femme, ce livre décrit l’initiation érotique d’une jeune femme naïve et innocente  par un homme d’affaires richissime d’âge mûr. Au programme de ce parcours, on retrouve les grands rites de la soumission dans lesquels l’héroïne s’enfourne avec de plus en plus de délectation.   Elle dira d’elle-même qu’elle a l’étrange impression de se sentir comme «un réceptacle, une coupe vide qu’il remplit à sa guise». Au fur et à mesure du récit, on se rend compte qu’elle prend plaisir aux rapports sadomasos que lui impose le pervers Christian Grey. Plusieurs fois, elle voudra faire cesser cette violence en ayant l’envie de le supplier d’arrêter, mais elle ne le fera jamais : «J’aurai envie de le supplier d’arrêter. Mais je me tais. »

Typiquement féminin, le fantasme de soumission serait l'un des plus répandu mais aussi le plus redouté quant à sa réalisation !  C’est aussi l’un des scénarios de séduction les plus éprouvés avec de multiples variantes. Karine n’en finit pas de se remémorer toujours le même type de film : « C’était un rêve qui m’obsédait depuis toute petite . Je me trouve dans une famille qui en est fait n’est pas la mienne.  Je dois fuir mais voilà que je suis poursuivi par un homme qui veut me prendre de force. » En couple depuis deux ans, Karine se sent à l’aise avec son nouveau compagnon. « Dans mes fantasmes les plus fous, j’ai toujours souhaité qu'il m'utilise comme un objet, un morceau de viande. Qu'il m'ouvre les jambes pour me pénètrer de force et que je me débatte.. Aujourd’hui, c’est devenu un jeu entre nous et je prends cela comme une preuve d’amour de sa part. » Apparemment, Karine sait ce qu’elle veut : être à la fois dans l'opposition et la passivité. Son fantasme est assumé et bien vécu. Pablo, son compagnon en convient : « Elle adore ça quand je la jette sur le lit et que je la pénètre sans préliminaire, en lui tenant les poings tout en lui mordillant le cou. Elle jouit très rapidement! »

Jouer la passivité, cela renvoie à la petite enfance ­— selon le psychothérapeute Alain Héril — lorsque nous étions complètement dépendants de notre mère. « C’est à la fois retrouver le plaisir régressif d’être contenu, englobé par l’autre. Mais aussi celui de ne pas être responsable du scénario sexuel, ni de notre propre jouissance, ni de la sienne. Donc de repousser toute culpabilité. » Dans la soumission préexiste l’excitation de nous abandonner à l’autre, de lui déléguer le pouvoir sur notre plaisir. Anastasia Steele n’admettra-t-elle pas que « faire l’amour avec Grey est comme la chose la plus excitante et la plus effrayante qui [lui] soit arrivé de [s]a vie.» L’avantage qu’offre le lâcher-prise est de nous permettre de nous «  laisser surprendre par nos pulsions et par notre propre montée de jouissance que, pour une fois, nous ne contrôlons pas » ajoute le thérapeute. Sans oublier une part de réaffirmation narcissique : « Je suscite chez l’autre un désir si fort qu’il en devient incontrôlable. »

Etre soumise, c’est affirmer que l’on suscite un désir si fort chez l’autre que celui-ci  en devient incontrôlable, sous-entendant ainsi une réaffirmation narcissique. Pour simplifier,  ce fantasme servirait  tout bonnement à rehausser l'estime de soi. La femme serait si désirable et si irrésistible que l'autre ne pourrait plus contrôler ses pulsions et lui sauterait dessus.  Pas de quoi fouetter un chat ! Et puis, quant à la relation de pouvoir,  il faut se méfier des apparences parfois trompeuses. Dans le fantasme Maître/Esclave,  la personne qui exerce le plus de contrôle est généralement l'esclave et le maître fait toujours ce qu’elle veut. C'est une forme de ce que l’on nomme  "l'Abandon de Contrôle". La  femme qui se voit soumise ou esclave crée un scénario où elle n'a pas le contrôle de ce qui se passe mais ses besoins sont toujours satisfaits.

Le fantasme de viol est un classique. Le favori des femmes, à en croire beaucoup d'observateurs des pratiques sexuelles. "Evidemment, le viol n'est pas souhaité, tempère Gérard Oudin, sexothérapeute. Le viol en tant que tel, la violence physique, l'humiliation n'existent pas. Ces femmes "jouent" à la violence, mais tout se passe dans la sécurité de leur couple.»

Souhaiter n'est pas agir et ce fantasme cache rarement un réel désir: "Je n'ai jamais entendu une femme dire qu'elle aurait réellement voulu être violée", confirme l'auteur américain Nancy Friday qui étudie pourtant les fantasmes depuis plus de 25 ans.

Alors pourquoi "jouer" au viol? Tout simplement pour se dédouaner. Dans les confidences recueillies par l'Américaine, force est de constater que le sentiment de culpabilité est omniprésent chez les femmes: "Beaucoup craignent de passer pour des dévergondées, principalement aux yeux de leur propre mère" … mais aussi de leur compagnon. La sexualité reste affaire de tabous et de méconnaissance de ses propres envies indispensables à notre équilibre. Pour beaucoup de femmes, fantasmer sur le viol, ce n’est pas rechercher le viol mais c’est une façon d’exprimer l’agressivité de son désir : « Ce n’est pas moi qui veux, c’est l’autre qui me veut. Ce n’est pas ma violence qui s’exprime, c’est celle de l’autre. L’autre incarnant mon désir. C’est avec mon désir que je me bats. »  L’abandon de contrôle, on y revient encore.
Aucune d’entre nous ne désire vraiment être violentée au sens propre, mais se faire prendre de force par un beau mâle peut s’avérer excitant au plus haut point. Cette fantaisie provient de nos pulsions animales et de notre désir de nous faire posséder. Mais cela remonte à des siècles.  Étrange, tout de même, qu’après des années de lutte pour accéder à l’égalité, une femme sur deux souhaite être soumise?! «?Obligées de jongler avec leur emploi et les tâches ménagères, elles veulent peut-être lâcher prise et perdre le contrôle?», explique le sexologue  canadien Alain Gariépy, spécialiste des cyberprédateurs. Et Internet leur facilite les choses en rendant la pornographie plus accessible, sans parler des rencontres dans le cyberespace.

Et quand il mêle à cela une pointe de sadomasochisme, aïe cela devient si bon ! La frontière entre la douleur et le plaisir est mince, et les hormones lâchées durant les relations sexuelles et la douleur peuvent rendre cette frontière encore plus ténue. La douleur perçue durant les fantasmes peut aller de la légère gêne d'un fessier nu prêt à recevoir la fessée jusqu'à être sévèrement torturé et mutilé. Parfois la douleur est la punition pour être sexuel, pour mauvaise conduite.

La plupart des fantaisies érotiques prennent racine dans l'enfance et l'adolescence. Des expériences sensuelles, des scènes vues ou vécues, peut-être même traumatisantes à l'époque (humiliations, honte...) peuvent se transformer des années plus tard, et sous certaines conditions, en scénarios érotiques. La fessée en fait partie. On a remarqué que la plupart des femmes qui fantasment de recevoir la fessée ou d'être punies étaient souvent non corrigées physiquement et ne recevaient pas la fessée étant enfant, contrairement aux croyances populaires, bien qu'elles puissent avoir fantasmé là-dessus durant leur enfance. Dans notre tête, se déroule un film ultra érotique et même un peu «hard», bien loin de ce qui se passe dans la vie réelle. Une femme qui se sent excitée à l'idée de se faire agresser sexuellement ne signifie aucunement qu'elle le serait si ça lui arrivait dans la réalité. Dans le monde du fantasme, c'est elle qui détient le pouvoir des moindres détails. Elle est consentante et il n'y a aucun danger. Tout le contraire de la vraie vie.


Freud et le sadomasochisme

Selon Freud,  la notion de masochisme féminin repose entièrement sur le masochisme érogène. Le masochisme féminin est accessible cliniquement par Freud par les fantasmes des masochistes hommes qui visent à obtenir des satisfactions surtout masturbatoires. Dans ces fantasmes se déroule la mise en scène infantile d’une situation « caractéristique de la féminité » qui signifie « être castré, être coïté ou enfanté ». Toutefois, même si la passivité du masochisme reste, pour Freud, liée à la féminité, il est amené à relativiser néanmoins sa conception du fait de la bisexualité. Il fait remarquer qu’il s’agit d’un but pulsionnel et non de caractéristiques du Moi.
C’est Krafft-Ebing qui fut le premier à décrire d’une façon très complète cette perversion sexuelle à laquelle il a donné un nom dérivé de celui de Sacher-Masoch, écrivain autrichien (1836-1895).Celui-ci décrivit dans ses romans une attitude de soumission masculine à la femme aimée, avec recherche de la souffrance et de l’humiliation. Krafft-Ebing a décrit de nombreuses manifestations cliniques du masochisme telles que les douleurs physiques par piqûre, bastonnade, flagellation, humiliation morale par attitude de soumission servile à la femme, accompagnée du châtiment corporel jugé indispensable.



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Commentaires (1)

  • guihmurbrest
    2017-10-11 10:03:38
    je suis un homme mur celibataire et je cherche jeune femme qui souhaite realise sont fantasme voir meme plus long terme a elle de voir se qu'elle cherche vraiment,bisous les filles.
    je ne suis pas contre un couple de femmes,deja vecu a 3 et deja fait dans ma jeunesse.
    meme vecu avec mere et fille a 3
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