Laissez vos commentaires
accèdez à nos discussions

Aimer Dominer


Le fantasme de domination est un des plus anciens. Il est souvent associé à celui de soumission.  Le sexologue Claude Crépault pense que « les désirs de domination et de soumission sont parmi  les plus archaïques qui soient, et ce, dans la mesure où ils rejoignent la complémentarité fondamentale entre le masculin et le féminin. » Ces fantasmes archétypaux de domination/soumission font partie des fantasmes inconscients mais aussi conscients des femmes comme des hommes. Ils sont les deux aspects d’une même réalité. Contrairement, à ce que l’industrie du porno pourrait nous faire accroire qui ne montre souvent que des hommes dominants. Longtemps resté très marginal, ce fantasme s’affiche de plus en plus au travers de l’engouement pour le sadomasochisme notamment.

Ces types de fantasmes peuvent effrayer car  ils évoquent un univers de cruauté, de violence voire de perversion en recourant à des accessoires tels que  fouet, cravache, martinet, fessées, bougies, godemichés, liens... Mais, à la différence de la perversion pathologique dans laquelle l’autre est nié, réduit à l’état de simple objet,  il s’agit ici d’une mise qui n’exclut pas le partenaire et son plaisir.
Jérémie aime  trouver sa jouissance en laissant sa partenaire sexuelle prendre le contrôle sur lui. « Ma compagne apprécie cette inversion des rôles. C’était son fantasme. Mais, depuis peu, elle m’ en a confié un nouveau qui serait de me menotter au lit pendant que je la regarde faire un striptease torride. Elle prend d’ailleurs des cours de pole dance. » Pour Nathalie, sa compagne, il s’agit d’une revanche. « Toute mon enfance, ma mère m’a répétée que j’étais moche et que je n’aurais jamais personne.  Résultat, je me suis laissée dominée par les hommes. Les cours que je prends m’ont donné beaucoup d’assurance et j’ai maintenant envie de prendre ma revanche. » Aujourd’hui,  Jérémie aime qu’elle prenne le pouvoir et apprécie son rôle passif. Qui ne dit qu’un jour la situation ne puisse s’inverser ?
Selon les chercheurs, « le fantasme de domination est associé au fantasme d’être dominé sexuellement, donner la fessée, par exemple,  est aussi associé de façon significative avec le fantasme de recevoir une fessée. Ceci corrobore les sondages (non scientifiques) récents effectués à grande échelle qui soulignent que les gens qui aiment dominer sexuellement apprécient également être dominés. De même, le fantasme d’être forcé à avoir une relation sexuelle et de forcer quelqu’un à avoir une relation sexuelle était ici significativement associé. Soumission et domination serait l’avers et l’envers d’une même médaille. Bien que ces fantasmes semblent être opposés, les résultats suggèrent que leur thématique est plutôt commune et que les rôles peuvent aisément être inversés. Dans la réalité, on observe des couples « switch » dans lesquels le dominant devient le dominé et inversement.
Selon les diverses études, plus on a un rôle actif dans la société et une place importante dans la société, plus les fantasmes de soumission sont nombreux. D’où la constatation que ce type de fantasme se « féminise » de plus en plus. En outre, il semble que ce soit les femmes ayant un rôle dominant dans notre société qui aient le plus ces fantasmes de domination. Elles sont les grands manitous et contrôlent ce qui se passe. Pour obtenir ce qu’elles veulent – du moins dans leurs fantasmes - , elles usent de tout ce que cela comprend, hommes et femmes inclus. Si les femmes, dans leur émancipation sociale, se sont plus appropriées des fantasmes d’autojouissance et de domination, il semblerait toutefois que le fantasme de soumission revienne en force. Faut-il voir là la preuve que si elles peuvent se permettre une telle scénario, c’est parce qu’elles sont suffisamment rassurées sur leur identité personnelle et leur féminité ?

Dominante, la femme prend son plaisir à dominer, c'est-à-dire à donner des ordres qui vont être exécutés mais aussi dans la jouissance de ce contrôle. Contrôle de la situation, de l'être soumis, aussi bien dans le plaisir qu'il procure visuellement ou intellectuellement, ou sexuellement. Parfois, elle se voit initiatrice mais se dire maîtresse, reine, gardienne de prison, propriétaire d'esclave, professeur, induit des scénarios bien différents dans lesquels l’esclave, le prisonnier, l’élève ou le sujet agiront d’après des schémas préétablis.  Un esclave ou un prisonnier se fera moins "mettre au coin" qu'un élève puni par exemple. On pourrait dire en simplifiant que le maître est dans la jouissance tandis que l’esclave est dans l’extase. La jouissance du pouvoir, cérébral et sexuel, exige de la personne dominante une conscience de tous les instants. Pas d’oubli de soi ni de l’autre, mais un plaisir éveillé, fort, lucide. L’extase sexuelle du rapport domination/soumission comporte une dépersonnalisation due à l’abandon de la volonté et à une perception du monde sensible radicalement différente. D’où, souvent l’emploi du bandeau sur les yeux.
Il arrive que domination et hostilité se confondent. On a souvent accolé au fantasme de domination, le concept de sadomasochisme. il y a une certaine difficulté sémantique à définir les frontières de la terminologie appropriée: mordre, griffer, pincer ou provoquer, ne sont pas spécialement appropriés au sadomasochisme alors que des termes comme: battre, attacher et donner des coups de fouet sont certainement plus proches de ce concept.
Le sadisme peut effectivement intervenir quand le dominant ne demande pas l’accord du partenaire alors que dans la relation SM,  le masochiste se situe dans le contrat avec son maître. Et celui-ci, dans une telle relation, doit respecter ledit contrat.  
Le sadisme sexuel est un trouble de la personnalité généralement chronique. Certains sadiques fantasment dans des situations où la victime est complètement sous sa domination, utilisant sa force pour lui faire peur. D´autres appliquent leurs fantasmes sadiques en éprouvant du plaisir en étant humilié ou battu, et il y a un troisième groupe qui met en pratique son sadisme avec des victimes dont ils n´ont pas le consentement. Les fantasmes sexuels sadiques sont normalement présents depuis l´enfance, mais les activités sexuelles proprement dites ne se manifestent qu´à l´âge adulte. Il est considéré un trouble de la personnalité, quand la personne atteinte n´arrive plus à avoir un autre type de relation sexuelle que le sadisme et ne contrôle plus ses fantasmes.
Le sadisme est différent du bondage. Dans le sadisme, la personne souffre de ses fantasmes peu courants et n´arrive pas à fantasmer d´une autre façon, alors que dans le bondage, l´individu fait quelque chose de différent au lit et peut très bien avoir aussi une relation sexuelle normale sans faire preuve de sadisme. L´envie à n´importe quel moment de la vie d´attacher son partenaire ou de gifler celui-ci, ne peut en aucun cas être considéré du sadisme. Ceci est normal, cela fait partie de la curiosité humaine autour de la sexualité.

Sur le fonctionnement dynamique du sadomasochisme, on peut dire que se produit chez le partenaire sadique l'existence d'une négation de ses sentiments profonds d'infériorité et de faiblesse avec la formule inconsciente suivante: "je veux prouver mon pouvoir, ma force, en te forçant à te soumettre à la souffrance". Alors que chez le masochiste, est présent dans son intérieur une grande souffrance, qui est inconsciemment liée à la peur de ne pas mériter d´amour, sentant que la seule façon de recevoir de l´attention, est en se soumettant à l´autre. Cela semble assez proche ce qui se passe dans la majorité des rapports humains. Après tout, qui ne s’est jamais fait traiter de sadique ou de masochiste au moins une fois dans sa vie ?
Dans la réalité, la plupart des couples ne vont pas jusqu’à ces extrêmes. La domination reste pour eux un jeu (celui de la fessée par ex) avec une mise en scène où, à la différence de la perversion pathologique dans laquelle l’autre est nié, réduit au rang d’objet au service de nos fantasmes, ici, vous n’oubliez pas votre partenaire et son plaisir.  Vous vous amusez à le contrôler, à tester votre puissance en titillant les limites de sa jouissance.  Il arriva d’ailleurs que certains hommes ne trouvent leur jouissance qu’en laissant leur partenaire sexuelle prendre le contrôle sur eux. Cela restera un jeu si vous acceptez de changer les rôles, de lâcher prise et d’intervertir les rôles à votre convenance à tous deux.  On sait que beaucoup de femmes de pouvoir aiment aussi être dominées, cela les rassure sur leur féminité.

Commentez cet article

Pour pouvoir commenter cet article dans le forum vous devez être inscrit et connecté.

Commentaires (0)



Gaëlle et ses envies de voyeuse

Gaëlle est en couple depuis trois ans. « Notre relation fonctionne bien y compris au plan sexuel. Nous échangeons...

Je ne suis jamais passé à l'acte

Oriane est mariée depuis 3 ans et à deux enfants. « Pendant mes 2 grossesses, j’avais du mal à avoir des rapports...