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Le fantasme de l'Uniforme


Policier, militaire et pompier seraient les trois professions les plus  érotisées par les femmes dans les fantasmes sexuels. Le pouvoir ultra-érotique de l’uniforme ne se dément pas même dans ce domaine. On pourrait dire que le pompier est pour la femme, ce que la secrétaire (médicale de préférence) est pour l’homme.  Dans ces jeux de rôles, le médecin ou le pilote d’avion qui ont aussi leurs adeptes. De par sa force, son côté macho et officiel, l’uniforme en  alimente de  plusieurs sortes. On aime soit se faire attacher avec des menottes par un policier, soit jouer avec le gros boyau d’un pompier, ou encore se faire ordonner des trucs pas possibles par un colonel.  Les scénarios sont souvent les mêmes : vous vous  imaginez prise en faute ou en danger. Profitant de votre état de faiblesse, le représentant de l'ordre abuse alors de vous.

Magali s’imagine faisant un malaise dans la rue : « Les pompiers arrivent et m’examinent dans leur camion, petit à petit ça devient un peu cochon et puis ça dégénère ! » Pascaline se trouve prise dans un début d’incendie : « Rien de grave, heureusement ! Mais, comme je suis enfermée dans la salle de bain, trois jeunes pompiers viennent me délivrer et je suis à moitié nue. J’y pense depuis qu’une des mes amies a connu semblable mésaventure. » Avec Marie-Annick, le scénario est plus corsé : «  Je roule beaucoup trop vite, grisée par la vitesse. Je me fais arrêter par un flic hyper viril. Il a l’air très sévère et me rappelle vertement le code de la route tout en matant mes seins. Je suis super excitée et je lui propose une gâterie en échange de la contravention qui me pend au nez. Bien sûr, il est d’accord… »

L’uniforme possède une grande valeur symbolique aussi bien dans la réalité que dans le fantasme sexuel. Il n’est qu’à voir le succès de plus en plus confirmé du calendrier des pompiers qui, par ailleurs, a fait des émules parmi les joueurs de foot et de rugby. Le côté « Chippendale » de ces grands gaillards sexy en rejouit plus d’un – homme ou femme. Automatiquement jeunes et forts, leur musculature parfaite fait aussi partie de l’uniforme !

Plus que le vêtement comme tel, c’est donc le symbole qui alimente le fantasme. D’ailleurs, tous les uniformes ne sont pas tous séduisants et tous n’expriment pas la même chose. L’uniforme du policier ou de la policière symbolise le pouvoir, l’autorité, la loi. À l’inverse, l’uniforme du servant ou de la servante, qui représente l’obéissance et la soumission, indique un désir de domination.
Pompier, militaire, policier, ces tenues évoquent le pouvoir, l’autorité, la domination et la protection. Le pompier, sauveteur de ces dames pour éteindre le feu de leur désir ;  le militaire, courageux et discipliné pour accomplir son devoir jusqu’au bout;  le policier pour punir, passer les menottes et remettre sur le droit chemin !  Incarnant une autorité, ces costumes à la coupe très structurée et aux coloris souvent sombres intiment la soumission, renvoient à la force, la rigidité, parfois à la cruauté, entre la morale du « droit dans ses bottes » et l’abus de pouvoir à portée de matraque.

Derrière eux, se détache l’ombre du père, celui qui dit la Loi. Vous voici redevenue la petite fille faible et sans défense. Vous essayez, grâce à vos fantasmes, de venir à bout de vos sentiments contradictoires : est-il possible que cet autre en face de vous devienne ou soit si mauvais ? Vous vous scindez ainsi en deux  comme quand,  face à vos parents, vous scindiez les images de votre mère en deux, puis, plus tard, dans vos jeux, votre propre image. Vous utilisez les mêmes mécanismes de dédoublement de la personnalité. Vous utilisez ainsi les fantasmes soit pour vous protéger, soit pour vous consolider. Ils vous permettent également d’exploiter une foule de désirs sexuels et relationnels plus ou moins enfouis. On pense, entre autres, au désir de se faire materner, de se faire protéger, de se faire initier, de se faire punir!

Dans ce que  l’uniforme permet d’exprimer plus facilement des fantasmes refoulés, ce sont les jeux de domination/soumission qui dominent.  Il représente un désir, parfois inconscient, de se faire dominer et de transgresser un interdit. C’est une forme courante de fétichisme qu’on retrouve dans la pratique du déguisement chez certains couples.  Pour eux, le rapport sexuel devient jeu de rôles dans lesquelles les demandes peuvent s’incarner plus facilement. Le désir de se faire attacher et menotter peut se vivre ainsi  à travers le fantasme de l’uniforme sans avoir à être révélé de façon explicite! Ce fantasme de l’uniforme est très populaire auprès des couples, car il est très facile à réaliser. Après tout, il suffit d’un simple costume pour que l’un des deux partenaires se métamorphose en objet de désir!

Là, comme ailleurs, c’est l’habit qui fait le moine. Ce qui fait fantasmer, ce n’est pas vraiment la personne, mais le fait qu’elle puisse porter ou revêtir l’objet en question qui lui donne une aura ou une autorité particulière. On observe qu’il  y a chez beaucoup de personnes une nécessité d’élire un objet de prédilection pour que l’émotion sensuelle apparaisse comme la chaussure, le sous-vêtement ou l’uniforme.

L’uniforme représente souvent l’autorité, mais aussi l’anonymat, parfait prétexte au fantasme. La femme ou l’homme qui se cache sous l’uniforme n’est « personne ». Avec lui ou elle, pas question d’engagement, ni de responsabilité. On ne fantasme pas librement sur le collègue ou la voisine, mais sur UN pompier, UNE infirmière... C’est un fantasme admis et admissible, facile à s’approprier sans trop réveiller ses névroses. L’érotisation de l’uniforme se fait donc en associant la profession à un ensemble de qualités qui stimulent l’imaginaire sexuel, et non en y associant un visage ou une personnalité spécifique. Le pompier devient la version moderne et sexuelle du Prince Charmant, le médecin  la voix du père…

Le port de l’uniforme peut aussi être transgressif. Samira se voit femme-flic dans ses fantasmes les plus intimes.  Mais pas n’importe laquelle. A l’image de celle qu’Agnès Giard, anthropologue,  présentait dans son blog Les 400 culs sur Libération : « Elle représente la loi. Lui faire l’amour, c’est baiser l’autorité : une sacrée revanche pour les hommes en mal d’interdit. Sans compter qu’avec la flic, ils ont affaire à forte partie : elle possède un revolver, ce qui la rend plutôt dangereuse. C’est une femme à phallus, masculinisée (…) Munie de menottes, cette troublante dominante évoque des mises en scène carcérales. Elle réveille chez l’homme une excitation sexuelle appelée viragophilie : l’amour des Virago, c’est à dire des femmes qui ont le courage d’un homme. »

Les porteurs d’uniformes, d’office singularisés, imposent enfin une sorte de distance avec le reste de la société ; or l’inaccessible est le propre du fantasme. Le problème du passage à l’acte ne se pose pas dans la réalité hors leur mise en scène dans les jeux de déguisement. Déjà tout jeunes, les enfants apprécient les panoplies et s’initient à la sexualité en jouant au docteur. Ces jeux d’adultes n’en seraient-ils pas le prolongement ? Les fantasmes ne seraient-ils pas uniformes ?


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